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BALZAC CHEZ LUI.

X…, de descendre et de dire à ce cocher de venir ici ; j’ai à lui parler. »

Et Balzac, après s’être passé la main dans les cheveux sans les rendre plus droits, et avoir fait tourbillonner en l’air sa serviette, grand signe de joie chez lui, se disposa à recevoir dignement le cocher. Il rassembla tous les verres qu’il trouva à sa portée et les remplit jusqu’au bord de vin et de liqueurs.

Nous entendîmes des sabots de bois résonner dans le double système d’escaliers, échelle descendante, échelle montante, qui conduisait à son logement.

« Ne lui dites pas que je suis Vidocq, dit Vidocq à Balzac ; ça l’intimiderait.

— Et vous, ne lui dites pas que je suis Balzac, il pourrait le redire, et il est inutile qu’on sache le bâton de perroquet où je perche. »

Le cocher entra. C’était un cocher comme tous les cochers de quarante-cinq à cinquante ans : front ridé par le grand air, nez rouge ponceau, bouche déformée par la pipe, cheveux roux grisonnants, épaules voûtées.

« Buvez ceci à votre santé, mon brave homme, lui dit Balzac. Il fait chaud, et il y a longtemps que vous êtes sur vos boulets. »

Après avoir décrit un geste rond qui ramena le