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BALZAC CHEZ LUI.

l’Académie, ce qui arriva. Le Caveau entra en masse.

« Je ne pense pas, poursuivit Balzac, à recommencer la même tactique ; on ne recommence rien dans ce monde avec les mêmes chances de succès. D’ailleurs, l’Académie ne m’émeut guère le cœur : on croit le contraire, on a tort. Si j’y arrive, tant mieux !… sinon… mais je continue. »

Il continua ainsi : « Je n’aime pas le journalisme ; je dirai même que je l’exècre ; c’est une force aveugle, sourde, méchante, insoumise, sans moralité, sans tradition, sans but ; il est comme les bouchers ; il tue la nuit, pour manger le matin avec ce qu’il a tué. Mais, enfin, inclinons-nous, c’est une force ; c’est la force du siècle. Cette force mène à tout, conduit à tous les points de la circonférence ; c’est la seule aujourd’hui qui ait la puissance considérable de renverser, et par conséquent la puissance de remplacer ce qu’elle met par terre. Voyez ce que peuvent les Débats, le Constitutionnel, la Presse, et même le Siècle dans des proportions différentes ! Je défie le gouvernement de nommer un ministre, un receveur général ou particulier, un amiral ou un garde champêtre, sans se préoccuper peu ou prou de l’impression que produiront sur la peau de la presse ces diverses nominations.

« La royauté lui est subordonnée. Thiers règne et