ira en pure eau claire quand vous y poserez le pied pour vous élever.
— Vous vous trompez, ah ! voilà où vous vous trompez magnifiquement, s’écria Balzac, croyant avoir terrassé ma plus vivace objection ; ce ne sont rien que des ambitieux déguisés, vos journalistes ! Celui qui écrit le Fait-Paris veut faire du feuilleton ; celui qui écrit le feuilleton veut traiter le grand article politique, et celui qui écrit l’article politique veut devenir maître des requêtes, député, conseiller d’État, préfet et le reste.
— Sans doute, il y a un peu de vrai dans ce que vous dites là, mais le fond inerte que j’accuse reste le même. Le vrai journaliste n’est que journaliste ; il vit et meurt journaliste ; tenez-le pour certain.
— Je le tiens si peu pour certain, que j’exécuterai mon projet d’association, avec vous ou sans vous, et que j’en pose la première pierre dès ce moment. Décidez, en êtes-vous, n’en êtes-vous pas ?
— Dînera-t-on dans votre société ? dis-je à Balzac, que je voyais profondément contrarié de s’être ouvert à quelqu’un si peu disposé à le suivre.
— Comment ! si l’on dînera ! mais une fois par semaine. On ne se rencontrera même qu’à l’occasion de ces dîners hebdomadaires, afin de ne promener