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BALZAC CHEZ LUI.

— C’est un drôle ! il a osé dire qu’une vieille dame de mes amies, chez laquelle je vais passer quelquefois les mois d’automne à la campagne, m’a fourni les sujets de mes derniers romans. Infâme drôle !

— Savez-vous que notre liste ne se remplit pas beaucoup jusqu’ici ?

— Combien y a-t-il déjà de noms ?

— Il n’y en a déjà aucun. »

Balzac pouffa de rire.

« Combien il est difficile, vous le voyez, de saisir un juste aux cheveux parmi cette spécialité malsaine, dit-il ; trions toujours !

— Trions ! Mettons-nous F. sur notre liste ?

— Hum !

— Hum ! quoi ?

— Oui et non. C’est un bon garçon, sans doute ; mais il n’a aucun talent sérieux. Quand, à son tour, il voudra être quelque chose, qu’en ferons-nous ?

— On le chargera d’une mission scientifique. Les missions scientifiques sont un bât qui va à tous les ânes. Il ira étudier l’influence des queues de morue sur les ondulations de l’Océan, au point de vue de la religion et des mœurs. Du reste, vous avez raison, c’est une bouche inutile. Rayons !

— Rayons, dit alors Balzac avec joie ; rayons !