Là, les dîners, sans être plus chers, quoiqu’ils le fussent encore beaucoup, étaient meilleurs qu’au Cheval rouge.
Nous changeâmes plusieurs fois encore de réfectoire.
Ce n’est pas tout à fait le mieux que nous poursuivions dans ces nombreux déplacements : Balzac avait peur qu’une trop longue fréquentation dans un même restaurant ne révélât aux garçons, des garçons aux maîtres, et des garçons et des maîtres à tout le monde, l’existence de notre société. Sa terreur était amusante à cet endroit.
Que produisit, en fin de compte, cette fameuse société du Cheval-Rouge, au bout de plusieurs années d’existence ? Beaucoup de dîners, beaucoup d’articles écrits dans les journaux pour Balzac, sur Balzac, à l’éloge de Balzac, lequel Balzac n’écrivit rien du tout sur ses confrères chevaux-rouges ; et elle ne conféra pas le moindre emploi, elle ne rapporta pas le moindre avantage aux autres membres. Balzac seul y avait cru beaucoup, Balzac seul en profita.
Quant à Granier de Cassagnac, à Louis Desnoyers, à Alphonse Karr, à Altaroche, à Merle, lequel, fatigué d’espérer, alla attendre sa bibliothèque dans un monde meilleur, ils n’eurent jamais une foi bien robuste dans l’association du Cheval-Rouge, dont