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BALZAC CHEZ LUI.

frontière des États romains. La douane l’a laissé passer en frémissant. Si cette toile n’est pas de Raphaël, Raphaël n’est plus le premier peintre du monde. J’en demanderai ce que je voudrai. — Mais l’obtiendrez-vous ? — S’il y a encore sur la terre un millionnaire qui ait du goût, oui ! sinon j’en ferai hommage à l’empereur de Russie. Je veux un million ou un remercîment. Passons.

« Ce meuble d’ébène incrusté de nacre, a appartenu à Marie de Médicis. Monbro l’estime soixante mille francs. Ces deux statuettes sont de Cellini. — Celle-ci est d’un Cellini inconnu du dix-septième siècle. Elles valent toutes les trois leur pesant d’or. Passons. — Passons. — J’ai fait acheter à Pékin ces deux vases de vieille porcelaine de Chine qui ont appartenu à un mandarin de première classe. Je dis vieille porcelaine de Chine, parce que vous êtes trop éclairé, M. Solar, pour confondre avec la porcelaine simplement de la Chine. Les Chinois n’ont plus de cette miraculeuse vieille porcelaine depuis le treizième siècle. Eux-mêmes en donnent aujourd’hui des prix fous, ils la font revenir de tous les pays européens qui en possèdent. Avec ces deux vases, j’aurais des millions et des torrents de dignités à Pékin. — Mais c’est bien loin, mon cher M. de Balzac. — Qu’on ne m’y force pas ! Toujours