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BALZAC CHEZ LUI.

Ces deux meubles sont tout simplement ce qu’on appellerait de nos jours la commode de Marie de Médicis et le secrétaire de Henri IV ; c’est-à-dire deux diamants de l’école florentine, au plus beau temps des Médicis.

D’une architecture élégante et pure, ces deux divins morceaux sont en ébène, veinés de filets d’or. La commode, vrai meuble de reine, est à pans brisés, avec culs-de-lampe et basses tournées en spirale aux angles. Des figures de sirènes, incrustées en nacre chatoyante, comme toute la décoration, forment le centre des vantaux et des tiroirs. Au milieu d’arabesques et d’enroulements fleuris, d’une délicatesse miraculeuse et comme en rêvent les ondines dans leurs palais transparents, se jouent par centaines des oiseaux dont l’ornementation est telle, qu’on les croirait colorés de tous les feux éblouissants que jette l’opale. Dix ans de la vie de l’un de nos plus célèbres artistes en incrustation ne suffiraient pas pour accomplir un pareil travail. Un seul morceau d’ébène recouvre cette commode armoriée aux armes de France et de Florence. La couronne qui domine l’écusson est celle de grande-duchesse. Ce détail, si hautement significatif, donne à croire que ces meubles sont un cadeau du grand-duc François II à sa fille. Quel sou-