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BALZAC CHEZ LUI.

C’est en 1839 que Balzac demanda ouvertement à faire partie de la Société des gens de lettres dont, jusqu’alors, il ne s’était pas montré fort émerveillé, parce que, selon lui, elle ne marchait pas assez vite, parce qu’elle ne remplissait pas le monde du bruit de ses travaux, parce qu’elle ne dominait pas l’État de toute sa hauteur.

C’est sans doute pour avoir apprécié la société de cette manière peu mesurée et surtout peu contenue, que son admission réunit à peine, à l’assemblée générale, le nombre de voix suffisant. Il fallait quarante-cinq voix pour être élu, et il en eut cinquante-trois, tandis que des membres, beaucoup moins célèbres au dehors, en comptèrent jusqu’à quatre-vingts.

On fut, sans doute, fier de le voir, aussitôt reçu, siéger au comité, mais on craignait, sans se le dire, son impopularité dans une assez forte partie de la presse dont on avait le plus grand besoin de se rallier les difficiles sympathies. L’homme supérieur sut bien vite déchirer ces nuages. Tout en justifiant, à certains égards les appréhensions de quelques membres, il donna à la Société une impulsion inaccoutumée. Son souffle souleva l’inertie générale.

Balzac apportait à la compagnie une connaissance