l’École Américaine, comme en peinture on appelle certaines manières de composer avec énergie ou avec éclat, l’école de Michel-Ange, l’école du Titien. L’école américaine allait bien, très-bien, ma foi ! Beau style, belle couleur ; assassinats à la Rubens.
Nous touchions aux derniers jours du mois d’août de l’année 1839, je quittais la place Saint-Georges pour entrer dans la rue Bréda. Déjà je mettais le pied sur cette affreuse place qui s’appelle aussi Bréda, et qui a toujours l’air d’entrer dans des convulsions, tant elle prend des attitudes effrayantes et affecte des haut-le-corps insensés, quand je vis descendre du sommet de la rue, en compagnie d’un autre homme, Balzac, mais Balzac étrange d’aspect, rouge comme un sonneur de trompe le mardi gras, les joues inondées de sueur, les habits couverts d’une poussière blanche. Son compagnon était un homme gros comme lui, mais beaucoup moins grand, trapu, bien entripaillé, vêtu de gris des pieds à la tête, large chapeau blanc, souliers pris dans des guêtres blanches. Je crus voir deux poissons roulés dans la farine.
Le soleil d’août foudroyait en ce moment la place Bréda, et lui donnait une teinte carrières Montmartre tout à fait en harmonie avec les personnages blafards du tableau. Balzac ne me vit pas, tant il était tout