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LE VALET DE CHAMBRE POLIVEAU.


À dix heures, le colonel de Lostains s’éveilla, et il fut étonné, après la semonce qu’il avait faite la veille à son valet de chambre, de ne pas le voir près de lui. Depuis plus de quinze jours il avait à se plaindre de Poliveau, qui l’éveillait toujours trop tard, négligeait de lui apporter la potion de tisane amère recommandée par le docteur, et manquait enfin aux devoirs dont il avait eu jusqu’alors l’habitude de s’acquitter avec ponctualité. — Il est pourtant dix heures, pensa le peu endurant colonel ; où donc ce malheureux Poliveau est-il allé ? Je ne me souviens pas de lui avoir donné hier soir, en rentrant, des commissions à faire. Peut-être est-il dans la pièce à côté ? — Le colonel sonna légèrement, puis plus fort, puis très-fort ; — aucun mouvement dans la pièce à côté. Il attendit, espérant qu’à défaut de son valet de chambre les gens de l’hôtel accourraient près de lui. Personne ne vint. — Allons, se dit-il, c’est encore une demi-heure à patienter. Poliveau ne peut être allé bien loin, s’il est sorti… Dormons. — Le colonel posa sa tête sur l’oreiller, et chercha à se rendormir ; mais, moins docile que ses soldats, le sommeil s’obstina à ne pas