Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/27

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— Comment faire ?

— On ne vend pas de bois ici…

— Enfonce la serrure du bûcher.

— Oui, monsieur.

— Écoute pourtant, Mistral, ajouta avec hésitation le commandant Mauduit.

— Je vous écoute, monsieur.

— Tâche qu’on ne voie pas trop que la serrure a été forcée.

— C’est bien difficile, monsieur le commandant.

— Faites comme vous l’entendrez. Demain, on fera venir un serrurier.

— De cette manière, dit Mistral, mademoiselle Suzon ne s’apercevra pas du gâchis.

— Imbécile ! qui est-ce qui te parle de mademoiselle Suzon ? Qu’a-t-elle à voir en ceci ?

— Rien, monsieur, rien…

— Est-on allé à Paris chercher les comestibles que j’ai indiqués pour le souper ?

— Vos gens sont à Paris en ce moment. Nous les attendons dans une heure.

— C’est bien. Tenez prêts les feux de la cuisine, puisque vous avez maintenant du bois et du charbon.

Mistral s’estima heureux d’être quitte à si bon marché de sa troisième apparition.

— Je me trompais, poursuivit de Morieux, quand je comptais recevoir ici-bas la récompense de ma peine, de celle que je prenais pour devenir fermier, marchand de bestiaux, de fourrages et de grains, comme mon noble beau-père et les excellents parents de ma femme. Il y avait à peu près trois ans que je menais cette vie pastorale, rurale et frugale, loin de Paris, où je ne venais guère que tous les quinze jours pour passer une semaine avec Lucette,