Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/282

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— Rien, madame.

— Sur les toits, Sarah ? — Il faut qu’elle y soit.

— Rien encore, madame.

— Descendez ; vous… vous ne savez rien trouver.

Au bruit de ce dialogue entre Sarah et sa maîtresse, les voisins s’émeuvent, se mettent à la fenêtre ; les autres fenêtres s’ouvrent, les autres étages suivent l’exemple : la rue est sur pied.

— Betty ! Betty !

— Plaît-il ? Sarah, qu’y a-t-il ? Avez-vous le feu au logis ?

— Auriez-vous chez vous notre chère Lucy ?

— Non. L’auriez-vous perdue ?

— Perdue depuis deux heures.

— Affreux ! Je vais demander à Jenny, qui l’aimait tant.

Jenny, c’est la maison voisine.

Jenny n’a rien vu, mais elle s’adresse à Anne, la maison en face ; Anne à Margaret, la maison du coin ; Margaret à la blanchisseuse ; la blanchisseuse à la couturière ; d’une maison à l’autre, l’alarme court. Chacun dit non d’un ton diversement lamentable.

Ce non tombe d’étage en étage sûr le cœur de la pauvre mère, avide d’une réponse et tremblante sur le pas de la porte. Certitude horrible : l’enfant n’est déjà plus dans le quartier.

— Sarah, mais donnez-moi donc un conseil. Quand vous me regarderez ! Vous êtes là consternée : voyez, moi, je ne perds pas courage.

Elle était livide.

— Mais à présent que j’y pense, vous ne pensez à rien, vous ; vous êtes là comme une morte. Elle est chez sa tante, avec sa petite amie, ou chez la vieille madame Bot, qui lui donne des gâteaux… à coup sûr ! Allez-y donc !