Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/54

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château du commandant, de même que Charles X n’avait été qu’un Français de plus en entrant dans Paris.

Morieux, du fond de sa chambre, se décida à répondre :

— Que veux-tu donc, démon de Sara ?

— Ce que je veux ? répondit Sara.

— Oui, pour causer cet affreux tintamarre.

— Je veux te parler de ta femme.

— Laisse-moi dormir.

Suzon, pendant ce temps, continuait à se chauffer.

— On dit que tu l’es.

— Laisse-moi tranquille !

— Si ! tu l’es !… Mauduit ! commandant ! n’est-ce pas qu’il l’est ?

— Elle ne dormira pas, cette infernale Sara ! grommelait avec rage entre ses dents le commandant, qui ne pouvait douter maintenant que Suzon entendît tout.

— Dis-moi que tu l’es, et je te laisse tranquille.

— Eh bien ! je le suis.

— À la bonne heure ! Maintenant je dors, je dors ! cria-t-elle de toutes ses forces.

Cependant elle finit par se taire.

— Je vous demande un peu, continua Suzon comme si elle n’eût pas été interrompue, si je vous reproche quelque chose ?

— Non, répondit le commandant, qui n’y était plus du tout, non ; mais tu parais éprouver de la contrariété.

— Dame ! je ne puis pas me mettre à cabrioler sur le tapis, parce que vous avez dîné avec des gens très-tranquilles, j’en conviens, mais que je ne connais pas plus que l’avoine de l’an prochain ; parce que vous avez brisé les armoires, tripoté le linge damassé, désastré vos porcelaines de Chine. Tenez, monsieur, si j’avais un conseil à vous donner, ce serait, de mettre bien vite en ordre toutes ces