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Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/63

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— Puisque vous ne voulez pas quitter cette place, je la quitte ; là !

Suzon se leva.

Le commandant chercha à la retenir.

— Reste donc là !

— Je vous dis…

Et Suzon se dégagea brusquement et courut à l’autre bout du salon.

— Grosse méchante !

— Comme cela vous prend !

Le groupe de la porte n’échappait pas aux regards obliques de Suzon, quelque mouvement qu’elle fit.

— Si tu ne viens pas, je vais te chercher, Suzon.

— Gardez-vous-en !

— Tu vas voir.

— Venez-y donc !…

Le commandant se leva à son tour pour aller vers Suzon ; mais celle-ci mit aussitôt toute la longueur de la table entre elle et lui.

Mauduit, qui n’était pas habitué à tant d’espiègleries, se piqua au jeu, tourna avec vivacité autour de la table, mais Suzon conservait toujours ses avantages en maintenant les distances.

— Est-ce, que cela ne finira pas ?

— Dame ! finissez d’abord vous-même.

— Trêve ! je ne te poursuivrai plus…

— Qui me l’assure ?

— Comme tu es en défiance, ce soir. Ah çà !… d’où vient ?…

— Je veux l’être toujours.

— Toujours !

— Comme je vous le dis…

— Suzon !