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tristesses du lendemain. Heureux ceux qui oublient ! non moins heureux ceux qui font oublier, qui peuvent faire du présent une belle fleur isolée dont on n’aperçoit pas les racines difformes qui plongent dans la boue.

Nous voudrions être de ces conteurs-là, un de ces enchanteurs qui font oublier les heures mauvaises ou maudites — et il y en a tant dans la vie ! — à ceux qui viennent, à la fin du jour, se reposer sous l’arbre paternel ou au coin du foyer domestique après la lassitude du travail.

Le lecteur attribuera à ce désir bien ambitieux, mais bien doux, le titre que nous donnons à cette nouvelle réimpression de nos contes et de nos nouvelles.

La Marguerite des Marguerites, l’adorable sœur de François Ier, elle qui s’y connaissait mieux que qui que ce soit au monde, disait un jour à Clément Marot : « Mon gentil poëte, savez-vous bien ce que je désirerais le plus faire au monde s’il m’était donné un jour d’y revenir ? — L’amour, dit naïvement Clément Marot. — Non ! écrire des contes. — Et puis ? demanda encore plus naïvement Marot. — Et puis en entendre raconter, dit la Marguerite des Marguerites. »


LÉON GOZLAN.