Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/28

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je tromperais ; j’aurais de fausses cartes ; je mettrais l’argent des autres dans ma poche ; est-ce que je sais ce qu’ils font ? Mais je le ferais ! je le ferais pour avoir mes dix mille francs. Donnez-moi vite cet or, remettez-moi cet or, se reprit-elle d’une voix convulsive, ses mains tremblantes tendues pour recevoir, rendez-moi mes cinq cents francs, je sais ce qui me reste à faire.

Je les lui rendis, et aussitôt emportée, entraînée par l’idée qui la subjuguait, elle s’enfonça éperdument dans la cour de la maison de jeu.

Elle avait déjà laissé derrière elle une douzaine de marches conduisant à l’entrée des salles quand je l’arrêtai vivement par le bras.

— Mais où allez-vous ?

— Jouer.

— Mais vous perdrez votre argent.

— C’est possible.

— C’est sûr.

— Soit !

— Eh bien ?…

— Eh bien si je perds, je m’élancerai de cette croisée dans la rue. Du moins j’aurai tenté, j’aurai risqué… Et s’il y a une chance sur mille de gagner, j’aurai peut-être cette chance… ailleurs je n’ai pas même cette chance-là. Donc…