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Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/30

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Sans m’arrêter à l’une de celles où l’on jouait le lansquenet, le souvenir de ma récente lutte à ce jeu ne m’ayant pas absolument encouragé à y élire une seconde fois le domicile de ma douteuse étoile, j’allai droit à une roulette.

Quoique ce jeu n’existât plus en France depuis 1836, j’en avais assez entendu parler pour savoir qu’en plaçant son argent sur un seul des trente-six numéros dont il se compose, on gagne trente-cinq fois sa mise ; dix-sept fois, si on la place sur deux numéros voisins l’un de l’autre ; huit fois, sur quatre ; cinq fois, sur un sixain, c’est-à-dire sur six numéros ; le double de la mise, si elle était placée sur douze numéros ; et la moitié de cette même mise, si l’on opère sur vingt-quatre chiffres.

Sans vouloir tout risquer en une seule fois, décidé cependant à beaucoup risquer plutôt que de mourir en détail, je disséminai les cinq cents francs sur six numéros : bonne inspiration ! j’eus la joie d’en voir sortir un coup de fortune qui, me valant six fois ma mise, me rapporta conséquemment trois mille francs.

Que je gagne encore une fois autant, que j’aie encore un pareil coup, me dis-je, et j’enlève dix-huit mille francs, somme presque le double de celle dont j’ai besoin pour combler les désirs et les vœux de cette jeune femme, à laquelle, je l’avoue, je m’intéressais de