suis plus neveu ! Dieu soit loué ! C’était le dernier nœud qui l’attachât à quelque chose ; qu’on juge si le nœud était fort.
Le lendemain il s’occupa de son grand voyage.
Ce n’était ni en Italie, ni en Angleterre, que le marquis se proposait d’aller ; c’était partout, mais partout. On nous permettra de ne pas dire tout de suite dans quel but extraordinaire il conçut et chercha à réaliser ce projet gigantesque. Longtemps à l’avance il se munit de toutes les monnaies d’or et d’argent ayant cours sur le globe, et enferma dans son portefeuille une foule de lettres de crédit tirées de Vienne, de Paris, de Londres et des plus riches capitales. Aucun obstacle ne pouvait entraver son voyage. Chaque ambassadeur lui assura la protection de son souverain, et chaque souverain le recommanda aux autorités répandues sur la surface de ses États. Il fit mettre à sa disposition tous les moyens possibles de transport, chevaux, chaises de poste, voitures, mulets, palanquins, enfin tous les procédés de locomotion passés dans les habitudes des pays qu’il se proposait de visiter, là où ses équipages deviendraient inutiles.
La voiture destinée à le conduire partout où l’état des routes le permettrait était un modèle de construction, un chef-d’œuvre de la mécanique, tant sous le rapport de la commodité que sous celui de la vitesse et de la légèreté. Au moyen d’un ressort, une table ou un lit, à son choix, se déployait devant lui ; les encoignures renfermaient, l’une, un petit arsenal complet : fusils, pistolets, poignards, couteaux de chasse ; l’autre, la collection en vermeil de tous les objets nécessaires à la toilette ; la troisième, des bijoux en grand nombre, petit trésor de gracieusetés à faire à ses hôtes futurs et à leurs filles ; dans la quatrième encoignure, il plaça ses trois ou quatre mille lettres de recommandation. Dans le fond de sa voiture, qui, à son gré, s’ouvrait à jour comme une calèche ou se fermait hermétiquement, étaient rangés dans du foin les meilleurs vins de France.