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Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/101

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le dragon rouge.

l’ordre de la ceinture bleue s’associa, dans leurs pensées galantes et chevaleresques, à l’ordre du Porte-Glaive. Les jeunes femmes, de leur côté, sollicitèrent de Casimire la couronne de roses qu’elle portait. Elle la leur donna, et les petites roses de sa guirlande devinrent, comme la ceinture bleue, un emblème d’affection créé pour perpétuer le souvenir de cette resplendissante fête.

Afin d’en mieux graver le souvenir dans la mémoire des invités, le marquis, toujours d’après Louis xiv, distribua, vers la fin de la nuit, des médailles portant d’un côté cette inscription : Installation du marquis de Courtenay dans son palais à Varsovie, et de l’autre côté, sous une couronne de marquis, son chiffre et celui de mademoiselle de Canilly. On se souviendrait de cette soirée comme d’une victoire remportée sur l’ennemi, comme d’un mariage de souverain.

Il résulta de cette large place faite par le marquis de Courtenay à Casimire dans les surprises de son admirable soirée, de l’accueil qu’elle reçut et auquel il n’était pas du tout étranger, courtois conspirateur entouré de complices, de cette présentation solennelle dont Casimire n’avait pas calculé les suites, qu’on se dit tout bas dans les salons du marquis, et tout haut le lendemain dans les cercles de Varsovie, que M. de Courtenay et mademoiselle de Canilly, pour qui la fête avait été évidemment donnée, étaient destinés l’un à l’autre et qu’on ne pouvait mieux se convenir.

C’est précisément ce qu’avait voulu faire dire le marquis de Courtenay en affichant Casimire à cette soirée avec autant d’éclat que peu de mesure.

La fête finit au jour, c’est-à-dire à midi, si toutefois l’on peut dire qu’une fête polonaise ait jamais fini.