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le dragon rouge.

tôt si tu avais bien ou mal fait d’écrire à ton amie de Paris et ce qu’il en arriverait ? Et ceci et cela ? Tu vas le voir, curieuse.

— Ah ! c’est la réponse, répliqua Casimire avec un doux sourire qui pouvait bien signifier : — Elle est un peu longue, la réponse ; mais je l’écouterai pourtant jusqu’au bout.

— Une dame d’honneur, reprit Marine, me tira ensuite à l’écart, et me dit : Nourrice, la duchesse va accoucher ; je serais bien heureuse et bien récompensée, si je pouvais la première annoncer au duc de Bourgogne que Dieu lui a envoyé un garçon. Voilà quarante louis pour toi : si c’est un garçon, baisse la tête ; si ce n’est pas un garçon, retire-la en arrière. Et moi je lui dis oui.

Après ce fut une femme de chambre qui vint me dire : Marine, si c’est un garçon, afin que je l’annonce la première à M. le duc, crie-moi : « Ma fille, chauffe-moi vite un linge. » — Et prends ce beau diamant que tu garderas en souvenir de moi.

M. le duc de Noailles, qui s’était présenté sur ces entrefaites, me dit aussi, tout bas, derrière un paravent : Nourrice, ton mari sera mon premier garde-chasse toute sa vie, si tu veux m’avertir que la duchesse a fait un garçon : « Dieu soit loué ! t’écrieras-tu, madame la duchesse est délivrée. » Je comprendrai.

J’acceptai l’offre de M. de Noailles, de même que j’avais accepté celles des autres.

Enfin, dix autres personnes de marque me firent d’avance des cadeaux magnifiques, chacune d’elles pour savoir de moi avant tout le monde, dès que la duchesse serait accouchée, si elle avait fait un garçon.

Les douleurs pressant de plus en plus la duchesse, le duc ordonna qu’on introduisît les princes, comme il est d’usage, afin qu’ils jugeassent de leurs propres yeux si l’enfant venu à la lumière était bien né de la duchesse.

Comme le médecin, par grand respect, semblait avoir peur