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le dragon rouge.

rencontra la main du commandeur, qui n’osait pas encore l’abandonner. Casimire lui dit : « C’est vous, M. le commandeur ! »

Bonne vierge de Nanterre ! s’écria Marine en tombant à ses genoux, je t’ai promis un cierge, je te donnerai le flambeau.


xvii

Respectant la douleur de Casimire, le commandeur s’abstint pendant quelques jours de toute visite. Il connaissait la cause de cette douleur, ainsi que l’Europe entière, instruite par les gazettes de la conjuration du comte de Canilly (conjuration à laquelle le duc de Cellamare a donné son nom), et du châtiment qu’il avait subi à Toulouse, sa torture, sa dégradation, la confiscation de ses biens, sa mort sur l’échafaud. Il gémissait moins sur la triste fin du comte, caractère admirable à ses yeux cependant par l’austérité et l’audace, que sur le sort de Casimire, marquée désormais à l’empreinte d’une renommée historique, sceau indélébile, presque toujours fatal, Casimire non-seulement orpheline, mais privée tout à coup de fortune, de patrie, réduite, dans la révolution de quelques heures, à la misère et à l’exil.