Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/208

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xxi

La plume n’a aucun effort à tenter pour peindre la foudroyante rapidité que mit la marquise de Courtenay à se rendre à Paris dès qu’elle eut reçu la nouvelle inouïe, miraculeuse, de son rappel.

Elle partit, elle arriva.

Madame de Courtenay rentra dans son hôtel comme si elle n’en était jamais sortie, semblable aux rois qui reprennent possession de leur palais après des années d’exil, à la suite d’une restauration. Il n’y a pas eu, dirait-on ou affectent-ils de croire, de lacune dans leur règne. Ils effacent d’un trait les mauvais jours, les jours d’absence.

Jaloux de montrer au jeune roi Louis XV combien ils approuvaient tout ce qu’il faisait, même le bien, les courtisans et les courtisans des courtisans se portèrent en foule chez la marquise réhabilitée ; ils rivalisèrent d’empressement à venir lui dire qu’ils ne l’avaient pas oubliée, qu’ils avaient toujours travaillé en secret de tout leur zèle à hâter son retour. Chacun d’eux se fit gloire auprès d’elle et dans le monde de son rappel en France. Pressentaient-ils l’action extraordinaire qu’elle allait avoir sur les affaires de l’État, au moment où les jolies femmes devaient obtenir une si grande influence sur les hommes d’esprit, et les hommes d’esprit qualifiés généralement de philosophes, s’en créer une non moins puissante sur la société ?