tous les actes de la vie. Cette bonté que vous saurez avoir, Casimire, car vous en portez en vous les précieux germes, vous fera plus heureuse que toutes les victoires remportées par les calculs de l’adresse et de la défiance. ».
Comme il n’aimait pas plus à débiter des maximes morales qu’à écouter des maximes politiques, le jeune commandeur bornait à ces brèves observations les conseils qu’il croyait devoir à l’inexpérience de Casimire. Il préférait l’arracher brusquement, à certaines heures du jour, à l’atmosphère pernicieuse dans laquelle son père l’étouffait, et l’entraîner, pour opérer une vive diversion, au fond des vertes solitudes des campagnes de Varsovie. Ils allaient se promener à cheval dans les bois, et, dans ces courses salutaires, Casimire renouvelait son sang et ses pensées ; elles étaient son plaisir favori. D’ailleurs quelle jeune personne polonaise n’excellait pas dans l’exercice du cheval ? Le commandeur était son maître d’équitation : les leçons se prenaient en secret, parce qu’à l’exemple des grands hommes Casimire, toujours de l’avis de son père, ne voulait pas qu’on aperçût la moindre trace d’étude dans les talents dont on la louait, mystère qui grandit le personnage aux yeux du monde, ami du merveilleux.
À certain jour convenu entre eux, Casimire par un chemin, le commandeur par un autre, se rencontraient dans la campagne à quelque distance de la ville. Une fois, entre autres, le commandeur avait fait tenir à sa disposition un jeune cheval de l’Ukraine dont il voulait connaître les défauts et les qualités avant de le laisser monter à Casimire.
— Je le monterai la première, s’écria Casimire en le voyant ; c’est un honneur que je dois à sa rare beauté.
— Après moi, s’il vous plaît, mon élève. Le premier péril m’appartient.
— Que craignez-vous, mon cher maître ? dit Casimire ; et elle coulait sa jolie main dans la noire et luisante crinière du cheval. S’il se cabre, je le relèverai ; s’il m’emporte, je le lais-