M. de Canilly dénoua aussitôt les papiers et déroula les parchemins posés sur la table
— Voilà qui prouve, clair comme la lumière du jour, nos droits souverains depuis le huitième siècle. Les Canilly ont régné en Italie, à titre de roi ou même d’empereur, jusqu’à l’usurpation d’Othon-le-Grand, arrivée en 954. Lisez ce passage de l’historien Luitprand, lisez encore celui-ci de la Chronique de Frodoard. Que dites-vous de ce témoignage de Muratori ?
Les papiers et les parchemins passaient sous les yeux fascinés de Casimire, toute bouleversée de cet excès de grandeur dont elle ne soupçonnait pas sa race. Les leçons du commandeur étaient déjà bien loin !
— Je ne vous ai pas tout montré ; des années, continua le comte, n’y suffiraient pas. Mais jetez un coup d’œil sur ces titres tous divers, tous irrécusables, prouvant notre glorieuse ascendance à travers les siècles. Auprès de nous, comme antiquité, que sont les Rohan, les Montmorency ? Des Bourbons, je ne vous en parle pas. Mais lisez toujours ! Voilà un traité d’alliance passé entre les ducs de Ferrare et les Canilly, au XIIIe siècle. Hein ? Examinez encore cette médaille, qui fut une monnaie au XIe siècle ; n’y voyez-vous pas un C ? Ce C, c’est Canilly. Nous battions monnaie. La souveraineté des Canilly est empreinte partout.
Le cœur de Casimire grossissait à chacune des paroles ambitieuses de son père, dont la pantomime vraiment admirable se réglait sur la vivacité de ses propres paroles. Elle se voyait reine, revêtue du manteau de velours, parlant à ses sujets, la couronne en tête.
— Comprenez-vous, comprenez-vous, maintenant ? s’écria-t-il en croisant ses bras, si je dois entrer, si je puis me dispenser d’entre dans cette conspiration, y prendre une part de lion, et attendre d’immenses profits ? C’est un roi qui va conspirer avec un roi contre un régent. Quelle partie ! Le moins qu’il puisse me revenir, c’est une couronne. Celle de Navarre est