Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gueur furent faits, le comte la félicita avec une lenteur d’élocution qui ne ressemblait pas à la manière pétulante de lord Glenmour, sur l’extrême et délicieuse originalité de sa toilette du soir.

La toilette de l’actrice était charmante en effet. Le tissu délicat dont elle avait reçu le surnom en faisait tous les frais. Elle se cachait comme une rose au milieu de ce buisson de mousseline plein de plis et touffu d’accidents gracieux. Ses yeux dardaient de doux rayons noirs du fond de ce joli nid de mousse blanche. Elle semblait une naïade antique sortie du bain, descendant l’escalier diaphane d’un nuage ; elle rappelait les plus vaporeuses créations de la mythologie. Assise et ciselée dans les plis droits de sa robe, c’était Psyché ; debout et marchant, c’était Héro allant, sous ses voiles de nuit, au sommet de la tour d’Abydos, allumer la lampe alimentée par l’huile des