Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/101

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mour s’était portée à la poupe et s’extasiait de l’étourdissante, de l’effrayante mobilité avec laquelle passaient à ses côtés arbres, buissons, prairies, oseraies, monticules, îlots, haies riveraines, chaumières ; elle se dilatait, elle chantait, elle riait… Tout-à-coup un craquement sec, horrible se fit entendre, et le yacht s’arrêta, s’affaissa sur lui-même ; il penche, s’abat sur l’un des côtés, et l’on voit sortir en grondant et avec des sifflements rouges et sinistres un énorme, un étouffant nuage de fumée. En tombant, le yacht, qui s’était crevé sur un des pieux plantés dans le canal, jeta dans l’eau la moitié des passagers. Dans le désordre, on criait, on pleurait, on appelait, on cherchait à gagner les bords. Avant que Tancrède, qui n’avait pas perdu de vue lady Glenmour, n’eût eu le temps de courir vers elle pour la sauver, sir Caskil, l’avait prise, enlacée dans ses deux bras et