Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/155

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rait voulu aimer quelqu’un pour oublier la froideur de son mari, et lui, Tancrède, qui l’aimait tant ! pourquoi n’en serait-il pas aimé ? mais aimé sans reproche pour lui, sans honte pour personne ; ardemment, mais noblement, en silence, mais avec cette éternelle pureté dont la jeunesse ne se rend pas bien compte et qui est d’autant plus vraie qu’elle est plus indéfinissable. Il avait le secret de cette jeune femme, il avait sa vie, et s’il était assez heureux pour voir renaître ce sourire qui était autrefois l’orgueil et l’admiration d’une cour entière, il serait content ; ce serait son ouvrage ; il n’aurait plus rien à savoir, plus rien à désirer sur la terre. Le front dans le ciel, les pieds sur un tapis de roses, il marchait vers cet adorable but. Dans ses voyages à Paris avec lady Glenmour, il épiait avec la persévérance, l’extase et la crainte du marin qui étudie le ciel, les nuances, les plus rapides