Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/238

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Ce pacte fait, la marquise mêla vivement les cartes. Un silence grave, suprême, avait succédé à cet échange de condition entre les deux jeunes femmes. Le désir enflait les veines de leur cou, soulevait l’arcade mouvante de leur poitrine à peine voilée par la batiste de la nuit et la dentelle des rêves. Leur âme folle et capricieuse montait et descendait de leur cœur à leurs yeux, ceux de la marquise, bleus et faux comme l’émail ; ceux de Mousseline, noirs comme ses noirs cheveux ; leurs lèvres, les ailes transparentes de leur nez palpitaient ; elles avaient fortement entrecroisé leurs jambes ainsi que deux lutteurs antiques, et comme fait de nouveau leurs ongles pour cet autre combat singulier.

On n’entendait plus sous les rideaux de l’alcôve que le frôlement des cartes.

Le jeune major de Morghen attendait toujours une réponse.