Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/97

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grossir l’eau sur les bords. Tout tremblait sur le yacht comme en pleine mer sur un bâtiment quand le vent souffle avec violence et en équerre dans les voiles. Il frémissait en fuyant sous les pieds des passagers, qui paraissaient plus heureux de cette commotion continuelle, lady Glenmour particulièrement. L’air plus vif, l’eau plus agitée, le paysage courant plus rapidement, lui communiquaient une ivresse qui l’animait comme l’eût fait un vin généreux. Ses yeux étincelaient et sa bouche se plissait avec la fierté d’une naïade debout sur sa conque marine. Tancrède seul était soucieux ; il promenait autour de lui une attention inquiète. Il regardait à la fois sir Caskil, lady Glenmour, le rivage et le yacht. Enfin, d’une voix troublée, il osa dire :

— Sir Caskil, nous allons bien vite…

— Homme prudent ! se contenta de répondre celui-ci avec ironie.