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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/101

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Se contraignant de plus en plus, Valentine répondit :

— Sans regrets… pourvu qu’il fût heureux.

— Il sera heureux, madame ! s’écria Hélène avec passion, convaincue qu’elle avait recueilli la vérité des lèvres de Valentine ; oui, il sera heureux ! car maintenant je puis vous le dire, — vous m’en avez donné le droit, — lorsque j’ai revu à Bois-le-Duc M. de Blancastel, j’ai senti renaître en mon cœur des sentiments que je croyais éteints, que je croyais morts ; ils n’étaient qu’endormis ! Oh ! oui, il sera heureux ! car, si son nom le fait l’égal des plus grands noms, ma fortune le mettra au-dessus des plus grandes fortunes ; et, avec mes immenses revenus, il pourra… Mais vous pâlissez, vous souffrez, vous pleurez ! Ah ! ce n’est pas bien, madame, vous m’avez trompée. Vous l’aimez encore !

— Je me suis trahie, dit, dans le creux de sa pensée, Valentine.

Et, reprenant son énergique hypocrisie, comme une épée qui lui serait tombée un instant des mains, elle dit à Hélène :

— Non ! je ne vous ai pas trompée… Mais l’habitude des années écoulées sous le même toit… mais le cri de la jalousie… même quand on n’aime plus… le regret sans doute aussi de ne pouvoir plus aimer comme vous