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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/126

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Un instant seul, Gabriel se dit :

— Eh bien, ça me fait quelque chose, de les voir tous ici et de ne pas voir mon capitaine ; ça me fait même beaucoup. Est-ce un rêve ? Ce doit être un rêve ; il me semble que, tous les soirs, en fermant les jalousies de cet appartement, je vois glisser hors du jardin, le long du mur extérieur, une ombre, et que cette ombre est celle… Mais ce n’est pas possible ! Si je ne couchais pas du côté de la rue, je passerais volontiers une nuit entière à m’assurer… Mais voici madame, chut !

— Je suis inquiète, Gabriel, fort inquiète ! Je voulais partir sur-le-champ pour Neuilly…

— Oui, pour souhaiter la fête à votre charmant filleul, le petit Valentin ; car c’est aujourd’hui…

— Peut-être ne serais-je allée la lui souhaiter que demain ; mais je reçois à l’instant une lettre…

— Une lettre des Camusot ?

— Ils me disent dans cette lettre qu’ils ont quelque chose de pressant à me communiquer ; de ne pas m’effrayer… qu’il n’y a rien à craindre… Valentin serait-il malade ?

— Pourquoi, madame, aller ainsi vous figurer ?…