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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/133

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ment qui fut comme la rupture d’un vase dans lequel elle aurait été enfermée depuis trois mois.

— C’est vrai, dit-elle, tout est ici comme au temps…

— Oui… Valentine…

— Vous me le faites remarquer.

— Ah ! je suis le premier qui ?…

— Oui, c’est la première fois que j’y pense.

— La première fois !… Pourtant… je croyais que la continuation d’une vie satisfaite, brillante comme était… comme est encore la vôtre, ne pouvait guère se soutenir qu’à l’aide d’une dépense difficile à ignorer. Je crois donc, je pense qu’en interrogeant sincèrement votre existence…

Valentine répliqua sans audace, sans colère, toujours dans le brouillard de surprise répandu autour d’elle et dont elle ne se dégageait que peu à peu :

— Je l’interrogerai devant vous. En voici l’emploi fort simple de chaque jour. Je me lève, mes femmes m’habillent ; je descends au salon, le piano est ouvert devant moi. Est-ce l’heure de sortir ? La voiture m’attend au