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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/167

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j’aurais manqué de cœur. Il fallait le vôtre pour tant d’héroïsme et tant d’abnégation. J’ai l’âme assez grande pour admirer votre dévouement, mais je n’ai pas assez de force pour l’imiter. C’est pur, votre action ; c’est radieux comme le martyre. Mettez dans un plateau de la balance tout l’or qui est sous la terre, tout l’or qui est dessus, tous nos titres de noblesse, dont nous sommes si fiers ; jetez dans l’autre plateau la plume de l’ange, votre action belle, simple et divine, et c’est votre action, c’est la plume de l’ange, madame, qui l’emportera. Votre main, madame ; je vous aime !

Valentine joignit sa main à celle d’Hélène.

— La voilà ! — comme deux amies qui souffrent.

— Non ! dit Hélène, comme deux sœurs qui se consolent. On ne cache rien à une sœur, poursuivit-elle sous l’impulsion d’une pensée qui lui vint aussitôt et comme pour chasser le dernier nuage du passé nébuleux interposé entre elles deux. Valentine, si vous m’avez fait un sublime mensonge le jour où vous m’avez dit que vous n’aimiez plus M. de Blancastel, quel nom donnerai-je à l’aveu de cette autre intimité, fait pareillement par vous à la même heure ; cette intimité dont je fus témoin… dont j’emportai l’impression comme une victoire, croyant, avec ce trophée, n’avoir plus à craindre de rivalité ? Valentine, achevez votre courageuse confession… Je vous parle de M. de Fabry.