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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/250

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amusé avec ses tirades de Richard d’Arlington, au souper que nous donna Minette ; tu te souviens, Stephen ?

— Te voilà au courant. J’avais beau lui dire qu’on ne débute pas à vingt-neuf ans…

— Vingt-neuf faits comme trente.

— Oui, mais les femmes ne disent jamais trente ; elles sont comme les marchands de chaufferettes : ils n’en vendraient pas s’ils les mettaient à quarante sous la pièce. Ils les crient toujours à trente-neuf. Je poursuis. Mes avis n’y pouvaient rien. Tous les soirs j’étais obligé d’aller entendre : Pauvre Mère ! Pauvre Fille ! Pauvre Frère ! Pauvre Oncle ! Au bout du compte il en résulta que son appartement fut le rendez-vous des troupes réunies de la Porte-Saint-Martin, de l’Ambigu, des Folies-Dramatiques, de la Gaîté. Un jour que la panthère était sortie, je monte chez elle ; tu connais sa négligence. Pas un tiroir n’était fermé. Au premier que je visite, par désœuvrement, qu’est-ce que je vois ?

— Pas de billets de banque.

— Autre chose. Des déclarations d’amour de tous les jeunes-premiers des boulevards. Mon ami, une liasse de protestations galantes ; les protecteurs offraient des rendez-vous, des dîners ; du reste elle ne pouvait manquer,