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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/256

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II


En province et dans beaucoup d’arrondissements de Paris, qui ne sont pas moins que la province, on s’imagine, d’après je ne sais quelles fausses inductions, qu’il est du bon ton, chez les jeunes gens riches et lancés, de crever des chevaux, de s’abimer l’estomac à force de boire du vin de Champagne et de se ruiner la santé en orgies. Ceci n’est pas seulement exagéré, c’est généralement faux. Ces jeunes gens se soignent comme des femmes, déjeunent légèrement, prennent de l’exercice avec modération, et s’ils se couchent à deux heures après minuit, ils ne se lèvent guère qu’à midi pour rester ensuite un quart d’heure au bain et se purifier le corps comme des musulmans. Si l’on n’admet pas cette chasteté selon le monde, comment expliquer l’étiquette de leur santé, la durée de leur jeunesse, le repos de leur teint ? Faublas n’est pas leur modèle, car Faublas termine son pèlerinage à dix-huit ans, devinant bien qu’à trente ans il aurait été goutteux, éreinté, incapable de lutter même