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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/262

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— Vous m’approuvez donc d’avoir résisté comme je l’ai fait ce soir, et de lui avoir dit : Je ne rentrerai qu’à trois heures cette nuit, j’irai jouer au cercle ou ailleurs, et vous le trouverez bon ?

— Que je t’embrasse, dit Anatole ; tu es un homme.

— Mon ami, dit Léonard, ta détermination est une inspiration du ciel. Anatole a quitté son rat, Stephen sa panthère ; tu romps avec ton Ambroisine, et tu es des nôtres. Nous partons dans huit jours pour l’Italie.

— Fat qui s’en dédit ! s’écria Vaudreuse : que ce verre de bordeaux me soit du surêne si je ne vous accompagne pas.

— Messieurs, vous l’avez entendu ? dit Léonard.

— Il ne viendra pas ! répliqua Anatole.

— Il ne viendra pas ! affirma Stephen.

— Il viendra ! vous dis-je.

— Non, te dis-je, Léonard. Vaudreuse a la tête échauffée en ce moment, tout lui paraît possible : c’est un matamore ; demain il n’osera pas souffler un mot devant son Ambroisine. Lui ! un brin de paille l’arrête.

— Vous me piquez d’honneur, messieurs. D’ailleurs, à qui ai-je donné le droit de douter de mes engagements ?

— Mon excellent ami, dit Stephen en tendant la main à Vaudreuse, ta parole est sacrée, mais nous ne voulons pas de tes serments.

— Et moi je m’engage par serment à me débarrasser