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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/278

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pauvre Édith s’épuisait en contorsions, en une foule de petites fêtes, qui, en vérité, semblaient dire qu’elle comprenait le jugement qu’on attendait d’elle.

Un instant, elle parut se décider pour Vaudreuse ; elle avança un peu vers lui.

— Ah ! vous agissez de ruse ! s’écria Ambroisine ; pourquoi remuez-vous les doigts ?

— Je ne remue pas les doigts. C’est vous qui séduisez Édith. Voyez, au son de votre voix, elle a couru vers vous. Pourquoi avez-vous parlé ?

— Moi, j’ai parlé ! mais je n’ai rien dit.

En effet, en entendant parler sa maîtresse, Édith avait rebroussé chemin et rétrogradé de son côté.

Cependant, lorsque la levrette se retrouva au même point, une seconde fois, à égale distance d’Ambroisine et de Vaudreuse, elle demeura suspendue entre sa double volonté, et de fatigue enfin, elle se coucha sur ses jolies petites pattes satinées et elle s’endormit.

— Raisonnablement, dit Vaudreuse, puisque Édith n’a pas voulu prendre un parti, nous ne pouvons pas la couper en deux.

— Il ne sera pas dit, repartit Ambroisine, que vous l’aurez emporté sur moi. J’attendrai qu’Édith s’éveille pour voir si une seconde épreuve me sera plus favorable.

— En ce cas, dit Vaudreuse, j’attendrai aussi.