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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/288

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— Souffre que je ne te quitte pas de la journée.

— Aurais-tu peur, Anatole, de perdre ton pari ?

— Ou, si tu aimes mieux, Vaudreuse, de le gagner avec ceux qui ont parié contre moi, qui ai soutenu ton inébranlable fermeté.

— Je n’accepte pas ta proposition. J’ai promis de vaincre seul, sans le secours de personne. D’ailleurs, tu te méprends sur la situation de mon esprit. Je suis homme d’habitude et non de passion romanesque. À sa dernière minute, ce départ me préoccupe, mais il ne me désespère pas. Elle part, et je vais sortir. Nous nous entreverrons à peine. Je suis si peu ébranlé, que je ne veux pas profiter des sept jours que les termes de notre pari m’accordent. Dès ce soir, je me mets à votre disposition ; et dès demain, si vous êtes en mesure, je pars avec vous trois pour l’Italie. Voilà ce que je vous confirmerai ce soir à table ; car je vous invite tous les trois à souper. Charge-toi, Anatole, de communiquer l’invitation à Stephen et à Léonard.

— Compte sur nous pour ce soir, Vaudreuse. Adieu ! à ce soir.

— Adieu, Anatole. À propos, achète-moi un waterproof pour le voyage, si tu traverses le passage de l’Opéra.

— Tu l’auras ce soir, Vaudreuse. Adieu.