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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/95

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fût célébré à Paris. Les paroles s’aigrirent. Cette difficulté devint d’abord un obstacle, enfin une impossibilité. Tout fut rompu entre les deux familles. Je pleurai beaucoup, mais j’avais seize ans ; on crut me consoler en me mariant bien vite à l’un de mes riches cousins ; et cela vous explique, madame, comment je porte encore, quoique veuve, le nom de mon père. M. de Blancastel, désespéré, dit-on, alla rejoindre son régiment en Afrique.

— C’est ce premier amour, pensa Valentine, dont il n’a jamais voulu m’affliger.

Hélène reprit :

— Quelques mois après mon mariage, je devins veuve. Il me fut permis alors de me souvenir. Je me souvins, et c’est avec une satisfaction qui n’a rien coûté à mes devoirs que j’ai appris récemment, de la bouche de mon frère, que M. de Blancastel devait venir passer quelques jours chez nous. Je l’ai revu…

— Pourquoi vous arrêtez-vous, madame ?

— Il me semble que vous souffrez, répondit Hélène.

— Vous avez revu, disiez-vous, M. de Blancastel ?

— Ces jours derniers.

— Au château du Bois-le-Duc ?