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Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/97

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— Poursuivez, je vous prie, dit Valentine s’établissant de plus en plus dans sa résolution d’entendre jusqu’au bout, sans mourir, cette révélation que devait clore l’une des deux femmes par un acte aussi haut, aussi déchirant que le plus beau martyre dans l’histoire des grands dévouements chrétiens.

— Ce mariage allait se conclure, continua Hélène, quand mon frère a su, par des informations prises à Paris, que M. de Blancastel… que M. de Blancastel… n’était pas… aussi libre qu’il l’eût désiré. Sans me consulter, il lui a aussitôt écrit qu’il lui rendait sa parole, J’aurais partagé l’opinion de mon frère, j’aurais approuvé la vivacité de son refus, si je n’avais pensé qu’il était tout à fait inadmissible que M. de Blancastel, si loyal dans toutes ses actions, eût permis qu’on entamât avec lui la plus délicate des négociations, un mariage, s’il était réellement aussi engagé qu’on l’a écrit à mon frère. Peut-être cependant me suis-je trompée…

Les paroles d’Hélène, à mesure que l’entretien avançait, se faisaient plus lentes et plus rampantes ; on eût affirmé qu’elles tendaient vers un point au-dessous duquel se creusait un gouffre inévitable. Il fallait arriver à ce point et tomber ; c’était imminent, c’était infaillible ; on conçoit que son cœur se contractât et que sa voix devint hésitante.

— Poursuivez, répéta Valentine. Poursuivez, madame.