Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/286

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— Je te ferai fouetter.

— Il n’y a qu’un homme qui puisse me faire fouetter, c’est l’Empereur ; et il ne le voudrait pas, car j’ai payé à la chancellerie le droit d’acheter des peaux, de les vendre, d’en disposer sur toute la surface du Saint-Empire, comme je l’entendrai. Je suis bourgeois de l’anse libre ; enseigne : Au renard Noir, Tobias Schwarzfuchs.

Pandolfi paya en grommelant, au fond du cœur irrité de ce que les empereurs avaient la faiblesse de permettre à des marchands de vendre des peaux de renard à tel prix qu’il leur plaisait.

D’autres contrariétés affectèrent nos pèlerins. Obligés de laisser leurs chevaux à la porte de Nuremberg par suite d’un privilège local, ils se montrèrent à pied dans la ville, ce qui leur ôta beaucoup de dignité au milieu de ces marchands.

Ils partirent au plus vite, car depuis deux mois ils étaient en voyage, et la prédication des indulgences devait s’ouvrir dans moins de vingt-cinq jours à Wittenberg, temps extrêmement limité pour s’y rendre. Ils tournèrent au nord vers Bamberg, laissant Bayreuth à droite. De Bamberg à Plauen, et de Plauen à Leipsig, leur course fut rapide. Enfin ils entrèrent dans la ville de Wittenberg avec toutes les cérémonies d’usage, après avoir mis environ trois mois à franchir la distance qui la sépare de Rome, d’où nous les avons vus partir.

Pandolfi et sa maison prirent possession, au nom du pontife, du palais qui leur était affecté pendant leur résidence ; les armes du pape furent placées à la porte ; le drapeau des États romains flotta.