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Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/300

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Toutes les têtes, excepté celles de l’Électeur et de sa femme, se tournent du côté du bruit.

Un augustin, un moine, c’est lui !

Il a pénétré jusqu’au pied de la chaire. Douleur pour les assistants : c’est bien un augustin, un moine, mais ce n’est qu’un simple frère inconnu.

Où va-t-il donc ?

Il s’incline respectueusement devant les deux fauteuils, monte en chaire, se signe et dit :

— Mes frères en Jésus-Christ.

Dieu vient de nous enlever notre supérieur ; le père Staupitz est mort.

Cri de désespoir dans l’église.

— Cette perte doit être d’autant plus affligeante pour moi, d’autant plus sensible pour vous, que l’ordre m’a choisi pour remplacer, ce soir, le père Staupitz dans la chaire de lumière, de vérité, de justice. Dieu me mortifie avec vous. Oui ! on est venu me chercher dans la cendre et dans les larmes pour paraître devant vous qui êtes plus que moi, devant l’Éecteur qui est plus que vous, devant Dieu qui est plus que notre Électeur.

Prions, mes frères en Jésus-Christ, pour que ce Dieu, descendu en moi, m’éclaire et m’illumine ; prions !

Le moine tomba à genoux dans la chaire, les mains jointes. On entendit le son creux des coups qu’il portait à sa poitrine. L’Électeur avait posé un genou sur le coussin.

Après ce recueillement du moine, et les regrets donnés par la foule à la mémoire du père Staupitz, beaucoup s’éclipsèrent, n’étant pas jaloux d’écouter l’éloquence, peu en faveur, des moines. Ceux qui restèrent le firent par res-