Aller au contenu

Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour deux ducats, on épouse qui l’on veut.

— Oui, riez, mes frères, car :

Pour un frédéric d’or Rome permet qu’on assassine un étranger ;

Pour dix frédérics d’or… son frère ;

Pour vingt frédérics… sa mère.

— Mais vous ne riez plus ; riez donc ! riez donc !

La figure du moine était terrible et bouffonne.

— Pour un demi-auguste, on va au paradis à pied.

Ainsi nous irons, pauvres Allemands que nous sommes, tandis que…

Pour un auguste, on y va sur un âne ;

Pour un auguste et demi, sur une mule ;

Pour deux augustes, on s’y rend à cheval ;

Pour quatre augustes, en litière,

Pour cinq on y a un domestique.

Le reste est si peu à la portée de vos fortunes, mes frères en Jésus-Christ, que je n’en parlerai que par manière de curiosité. Quelle bourse contient ici :

Huit augustes, six ducats et douze frédérics, somme exigée par Rome, afin d’être digne de s’asseoir à la droite de — Dieu le père ?

Ou la même somme, plus vingt-quatre thalers, pour occuper un siége à la droite de — Dieu le fils ?

Assurément aucune, n’est-ce pas ?

Passons donc sous silence le luxe de joie et de volupté que Rome accorde à quelques heureux de ce monde allant dans l’autre. Ce n’est pas fait pour vous, gourmands !

Silence à tous ! asseyez-vous ! que vos frémissements se