Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/39

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de sa poche de côté, soutint que la corbeille enfermait tout cela.

Pour que le sacrifice fût plus éclatant, Katty avait été parée pour la dernière fois de sa vie du plus riche et du plus élégant costume de son pays. C’était presque une dérision douloureuse que le soin particulier de cette parure en opposition avec le visage triste des assistants. Il est vrai que tous les assistants ne sachant pas le motif de la cérémonie, ils n’en étaient pas tous également touchés. Parmi ceux qui l’ignoraient, attirés dans la chapelle par une curiosité étourdie, il s’en trouvait qui cherchaient naïvement pourquoi ils y étaient venus. Était-ce pour un baptême ? mais le nouveau-né aurait déjà sept ans ; pour un mariage ? mais la mariée n’aurait donc que sept ans ; pour un enterrement ? mais il n’y avait pas de mort. — Qu’était-ce donc ?

L’intelligence de la chose échappait au Parisien ; et cela se conçoit : le Parisien voue peu d’ordinaire ses enfants au blanc ; il les voue à tout, excepté au blanc ; d’abord parce que le blanchissage serait énorme.

L’autel s’illumina de degré, en degré, et les orgues jouèrent ; l’encens parfuma les paroles des jeûnes filles qui chantaient dans le chœur.

Lord Brady, sa femme et Katty leur fille, étaient tous trois à genoux. Katty était ravie ; elle s’imagina que ces bougies allumées, et cette foule et ces enfants aussi à genoux, en cercle derrière elle, étaient là pour lui faire fête. La corbeille surtout l’intriguait extraordinairement. Elle aurait bien voulu qu’on la mît dedans.