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PRÉFACE



Cest sous les auspices de Mme de Sévigné que nous aimons à placer cette première série d’Études sur l’éducation des femmes par les femmes. Mme de Sévigné n’a rien écrit touchant l’éducation à proprement parler. Dans sa correspondance si riche et où elle se plaît si souvent à nous ouvrir des jours sur ses lectures et ses réflexions, elle ne dit pas un mot du Traité de Fénelon, bien que, comme la société d’élite qu’elle fréquentait, elle ait vraisemblablement eu l’ouvrage entre les mains, avant même qu’il fût imprimé. Ce n’est guère qu’à travers les représentations d’Esther qu’elle a vu Saint-Cyr, et les conseils qu’elle donne au chevalier de Sévigné et à Mme de Grignan n’ont rien de commun avec les Avis à mon fils et les Avis à ma fille de Mme de Lambert. Les questions soulevées incidemment de son temps sur l’égalité des sexes, reprises au dix-huitième siècle par J.-J. Rousseau, semblent la laisser indifférente. Elle n’a jamais songé à se demander, comme Mme d’Épinay, Mme Necker et Mme Roland, quelle était la part à faire dans l’éducation des femmes au développement de la sensibilité, à l’art de plaire, à la passion. Encore moins la pensée lui est-elle venue de concevoir