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Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/129

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à s’en plaindre. Assurément, par exemple, sans être « la ténébreuse » que nous représente Saint-Simon, elle excédait sa pensée lorsque, dans sa première vieillesse, elle écrivait qu’elle haïssait naturellement la cour. Mais on ne peut mettre en doute, pour peu qu’on suive le détail de sa correspondance, que tout d’abord elle n’eut pas l’intention de s’y fixer. Mlle d’Aumale ne fait que résumer la préoccupation unique qui inspire les lettres datées de 1670 à 1674, quand elle dit : « Tous ses projets étaient de tâcher d’avoir quelque grâce du roi qui la mît définitivement en état de sortir de la misère qui l’avait tant éprouvée. » Son directeur, l’abbé Gobelin, aimait à lui faire entrevoir dans la vie religieuse le repos auquel elle aspirait ; mais elle déclarait avec une grande franchise qu’elle n’en avait pas le goût. Elle avait autrefois « préféré son pauvre estropié à un couvent ; elle était maintenant trop faite pour changer de condition. » On avait aussi songé à la marier « à un duc, assez malhonnête homme et fort gueux » : c’étaient la duchesse de Richelieu et Mme de Montespan qui s’étaient occupées de l’affaire. « J’ai bien assez de déplaisir et d’embarras, avait-elle répondu, sans en chercher dans un état qui fait le malheur des trois quarts du genre humain. » Ses « châteaux en Espagne » allaient à s’établir quelque part, selon le bien qu’elle aurait, « une retraite pleine de tranquillité » (10 septembre 1674).

Son bien ne s’était guère augmenté. On peut compter avec elle ; c’est une manière d’entrer dans ses sentiments. Sa pension, qui était restée d’abord de 2000 livres, avait été portée en 1672 à 6000 ; et en 1674 ses épargnes s’élevaient à environ 50 000 livres. Le roi fournit