Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parler juste de dire qu’elle est légère ; car cette joie, cette vivacité, ce pétillement des enfants qui fait qu’ils ne peuvent demeurer en place, est un effet de la jeunesse : on est ravi de se sentir jeune, d’avoir de la santé ; on n’a rien dans l’esprit ; si quelque chose fâche, cela ne dure guère. » Bien plus, elle aime les natures qui se découvrent et qui se donnent. Rien ne vaut, à ses yeux, l’esprit de droiture et de franchise, dût-il s’y joindre quelques défauts, que corrigeront l’âge et la raison. Ce qu’elle redoute, ce qu’elle poursuit impitoyablement, ce sont les dissimulations, les cachotteries, les mystères, les esprits retors et difficultueux, qui se retranchent, se dérobent et mettent tout le monde mal à l’aise : « Il faut avoir en tout l’esprit droit, disait-elle : on ne tue pas un monstre caché. »

Pour fortifier ces dispositions chez les unes, les corriger chez les autres, il n’est pas de soin qui lui paraisse superflu. Elle connaît l’influence de la santé sur le caractère, l’action de la croissance, l’effet du régime. Elle n’admet aucune mollesse, aucune douceur inutile ; mais elle interdit toute privation. La vie de Saint-Cyr était simple et saine. Des lits durs ; de l’eau froide en toute saison pour la toilette, les petites exceptées ; peu ou point de feu que dans le grand besoin ; des pièces aux jupons de dessous ; aucun mets de recherche ; — mais de bonnes couvertures, des vêtements chauds, une nourriture abondante, aussi large pour les grandes qu’elles le demandaient, même avec une portion de faveur pour les grosses mangeuses ; pas de poires coupées en quatre ni de viandes réchauffées trois fois ; par-dessus tout, comme assaisonnement, l’exercice, le mouvement par