Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/179

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pour la langue française, la religion et la musique, plus le dessin et la danse ; enfin dans la classe bleue, consacrée particulièrement aux exercices de langue et d’éducation morale, les travaux manuels, nous le savons, occupaient une place essentielle.

Dans cet ensemble ainsi ordonné, chaque année conservait sa physionomie distincte. Les rouges et les vertes, comme les peuples heureux, n’ont pas d’histoire. Il n’en est pas de même des jaunes et des bleues. Au moment de la réforme, les bleues s’étaient monté la tête : après avoir chanté les chœurs d’Esther et d’Athalie, il leur en coûtait de psalmodier les litanies. De temps à autre elles avaient des bouffées d’indépendance, elles sentaient venir l’époque de leur affranchissement ; mais on pouvait faire appel à leur jugement déjà plus mûr : Mme de Maintenon les citait souvent en exemple. C’étaient les jaunes dont les légèretés, les bizarreries, les opiniâtretés offraient le moins de prise à la raison ; elles appartenaient à l’âge de la transition, à l’âge ingrat où l’esprit n’est pas encore rassis, ni le caractère réglé. Mme de Maintenon, qui s’obligea à faire successivement toutes les classes, les conserva plus longtemps que les autres, et elle en fut fatiguée jusqu’à se montrer parfois découragée. Elle aimait davantage les couleurs de feu, qu’on choisissait dans l’élite. Mais ses préférées étaient les noires, celles qui participaient soit à la direction des classes, soit à la direction générale de la maison. C’étaient elles qui formaient le corps où d’ordinaire se recrutaient les novices ; lorsqu’elles sortaient de la maison pour se marier, on leur donnait une dot plus forte qu’aux autres. Mme de Maintenon craignait toujours qu’on n’abusât de leur bonne volonté. « Surtout