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Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/248

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défenses blessant la liberté et augmentant les désirs » ; elle ne cherche qu’à leur inculquer « les sentiments de la conduite » qu’elle voudrait leur voir tenir. Elle aime à montrer la raison des choses, à en donner le goût : c’est un bon chez soi au sens moral, comme elle l’indique familièrement, qu’elle s’efforce de constituer à ses enfants. Elle avait coutume de dire : « Ceux qui s’occupent de réflexions et qui s’emplissent le cœur de principes sont plus près de la vertu que ceux qui les rejettent ; nous n’aimons point à voir ce qui nous juge et nous condamne. » Cette pratique est la sienne. Mais elle ne prend pas seulement plaisir à se nourrir de morale ; les prescriptions qu’elle fait aux autres, elle les suit. Elle était pénétrée de l’esprit de bienfaisance et d’humanité, qu’elle considère comme la source des vertus sociales : elle ne résistait pas, dit Fontenelle, à la tentation de faire une bonne action, dût-elle être dupe de son cœur. Toutes les bienséances qu’elle recommande lui étaient familières ; elle ne donnait rien aux entraînements, aux travers, aux vices qu’elle condamnait. Nulle n’a été plus sévère pour les illustres repenties du dix-septième siècle que « leur superbe » conduisait au couvent : elle n’admettait pas « que la vertu des femmes fût simplement une vertu d’usage et qu’on pût s’assurer une vieillesse heureuse autrement que par une jeunesse innocente. » La Rivière lui-même, malgré la ténacité de ses rancunes, ne peut refuser son témoignage à sa « noble et lumineuse simplicité. »

C’est cet ensemble de vues, de préceptes et d’exemples qui imprime à ses écrits un caractère de judicieuse et aimable moralité, malgré ce que trop souvent, dans le détail, ils semblent avoir d’inspiré par une ambition purement