Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/339

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tel est le savoir essentiel de la femme, de l’épouse, de la mère. Dans quel ordre ces diverses études doivent-elles être abordées ? Mme Necker ne s’explique pas à ce sujet. Elle ne marque pas davantage la transition d’un « mode » à l’autre. Après l’éducation de l’enfance, c’est l’éducation de la vieillesse sur laquelle elle s’arrête le plus volontiers. Est-ce seulement parce que les Notes qui se rapportent à cet âge datent des années où elle commençait à s’en rapprocher ? Toujours est-il qu’elle la signale comme la période la plus difficile, parce que « c’est le temps où l’on ne se rend supportable dans le monde qu’autant qu’on n’y remplit point d’espace et qu’on n’y fait pas de bruit » ; mais la plus féconde aussi, parce que la retraite nécessaire, le recueillement, l’oubli de soi y mettent le dernier sceau à la vertu.

On est à l’aise au milieu de ces indications éparses et un peu sommaires, mais très nettes, parce qu’on se sent en présence des conclusions d’une expérience réfléchie, sans idée préconçue ni parti pris. Même quand les conclusions de Mme Necker ne satisfont qu’à demi, elles plaisent par ce qu’elles présentent toujours de judicieux. L’instruction du peuple préoccupait tous les esprits généreux de son temps ; elle avait sur cette question générale, comme sur toutes les autres, sa manière de voir raisonnée et intéressante. « Si je faisais un collège pour le peuple, écrit-elle, je lui apprendrais d’abord sa religion et ses devoirs, quelques maximes pour la conduite de sa santé, à lire, à écrire et à compter, et enfin un seul moyen de gagner sa subsistance, soit art, métier, etc., pour qu’il s’y livrât tout entier et s’en acquittât parfaitement. L’homme du